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Biographie

René Gaston-Lagorre

Artiste peintre

1913-2004

Une enfance mouvementée…

Joseph Gaston-Lagorre, ariégeois et Marie Redonnet haute-garonnaise, mariés à New-York en 1911 ont émigré aux Etats-Unis comme de nombreux ariégeois originaires des vallées de Seix, d’Aulus et d’Ercé, espérant trouver là-bas, dans ce qui apparaît comme un nouvel Eldorado, de meilleures conditions de vie qu’en Ariège où règne la misère.

René naît à New-York en 1913.

Joseph, qui occupait un poste de cuisinier à l’hôtel Claridge, dans Broadway est bientôt mobilisé pour la Grande guerre, la famille revient en France, au cœur de l’Ariège, dans le village de Seix où René sera scolarisé.

René raconte que parfois, en gardant les brebis comme le faisait alors les enfants du village, il dessinait déjà sur les morceaux d’ardoise volés ici ou là aux toitures des granges foraines, dans les estives. Son instituteur Jules Palmade, lui-même doté de la fibre artistique, décèle très vite chez René un véritable talent et l’encourage vivement à poursuivre dans cette voie, promettant même de rembourser l’ aide financière obtenue s’il ne devait pas réussir.

 

Marie, mère du peintre. Hst. Portrait par D. Romanini-Aragon et Denise Romanini Aragon, peintre et sculptrice

Pendant ses études parisiennes, René fera la connaissance de Denise Romanini-Aragon, une très jolie jeune femme qui deviendra sculptrice et peintre de talent (Art lorrain). Tous deux sont alors aux Beaux Arts les élèves d’un même maître, Victor PROUVÉ, qui les apprécie pareillement. A cette époque Romanini-Aragon viendra souvent à Seix (Ariège) retrouver René et exécutera plusieurs portraits, notamment celui de son ami Louis Lauga, fils de notaire, et celui de Marie, la mère de René.[portrait ci-dessus]

 

Adolescence et vie d’artiste à Toulouse puis à Paris

René Gaston-Lagorre. 1937
Portrait. René Gaston-Lagorre. 1937

Le jeune peintre intègre l’école des Beaux-Arts de Toulouse. Les débuts sont difficiles ainsi confiera-t-il plus tard à son ami Louis Carsalade « Je me débrouillais comme je pouvais. J’étais tantôt peintre en bâtiment, tantôt vendeur de journaux devant la gare Matabiau ou bien étalagiste avec de petits décors peints pour des devantures de magasins »…

A cette époque il aura l’occasion de découvrir le musée Ingres de Montauban, le musée Goya de Castres et le musée Toulouse-Lautrec d’Albi. L’étudiant se distingue très vite . Dès 1932 il reçoit un premier prix en expression avec la représentation d’un buste masculin. En 1933, il obtient le prix Maury lors du concours d’émulation de la peinture avec un sujet biblique et hugolien à la fois, La Fuite de Cain. En 1934, il réalise un tableau,  Le Repos des bergers qui lui permet de remporter le Petit prix municipal de peinture de la ville de Toulouse. En 1935, il décroche le Grand prix municipal avec une toile intitulée La Baignade et grâce à la bourse obtenue en récompense de son travail il peut intégrer l’ Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris.

La Fuite de Caïn. Hst. 1933. René Gaston-Lagorre. 1935. 1er Grand prix de peinture. Beaux-Arts. Toulouse et Le repos des bergers. Hst. 1934. École des Beaux-Arts

Pendant l’été de cette même année, le peintre va voyager en Espagne et y découvrir les trésors du Prado de Madrid. Fortement impressionné par les toiles de Goya, del Greco et de Velasquez , il ne le sera pas moins lorsqu’il découvrira le plafond peint par Tiepolo au Palais royal.

Le jeune peintre décide ensuite de se rendre dans la petite ville de Tolède toute proche. La situation et l’architecture de la ville étagée sur la colline qui domine le Tage l’émerveille. Fasciné par le chef d’œuvre du Greco caché dans une petite église nichée au cœur de la cité, l’Enterrement du comte d’Orgaz., le peintre reviendra très souvent à Tolède, cette ville deviendra même l’une des inspirations majeures de sa peinture à venir et, tout comme avec les toiles peintes de Montségur, on pourra voir dans ses représentations de Tolède un basculement du figuratif vers l’abstrait.

L'enterrement du comte d'Orgaz
El Greco. El entierro del señor de Orgaz. Hst. 480x360cm.

*El entierro del señor de Orgaz / L’enterrement du Comte d’Orgaz a été peint par Le Greco entre 1586 et 1588. À son enterrement, seraient apparus saint Augustin et saint Etienne pour ensevelir le corps. Autour du corps et de l’apparition à gauche se trouve saint François d’Assise , à droite un prêtre. A l’arrière plan se trouvent les différents portraits des commanditaires de l’œuvre. Au premier plan, un enfant désigne la scène de son doigt, c’est Jorge Manuel Theotocopouli, le fils du Greco originaire de Crète. Dans la partie supérieure de la toile, Jean Le Baptiste vu de dos intercède auprès de la Vierge Marie et de Jésus pour que l’âme du défunt rejoigne le royaume des cieux. En haut à gauche, allongé sur un nuage, saint Pierre patiente avec les clés du Paradis.

De retour à Paris, René Gaston-Lagorre devient l’élève de Lucien SIMON et de SABATTÉ. Il perfectionne sa connaissance des grands maîtres et réalise ses premières œuvres inspirées des artistes contemporains mais aussi des courants artistiques antérieurs. A cette époque, « Déjà imprégné du besoin de reproduire ce qui se reflétait dans ma tête, je vivais pour ma peinture, à défaut d’en vivre » 1affirme-t-il.

Au sortir des Beaux-Arts, les travaux de commande qui vont être réalisés par le jeune peintre vont s’enchaîner et lui permettre de se faire connaître. A 24 ans il décorera l’église de Saint-Laurent sur Save avec une fresque de 12 m x 8 mètres, un exploit ! Cette réalisation va considérablement et durablement marquer les débuts de sa vie d’artiste.

1Henri L. Petit, « René Gaston-Lagorre : une vie dédiée à la peinture », Savès-Patrimoine : Savès et Serrère, Rieumes, Bulletin annuel de l’association Savès-patrimoine, 1994, pp. 111-131.

Un début de carrière interrompu par la guerre

Mobilisé en 1939, il interrompt son activité de 1939 à 1940. «  La guerre a été pour moi une rupture » (In L’Ariégeois, décembre 1987, p.40)

Dans les années 1930, Lagorre avait rencontré une dame fortunée de l’Isle -en-Dodon qui s’était enthousiasmée pour sa peinture, madame Benqué. Cette même dame lui fera rencontrer lors des vacances 1937-1938 l’abbé Carrère, qui propose au peintre de décorer l’église de Saint-Laurent-sur-Save en exécutant une grande fresque représentant le martyre de Saint Laurent. La seconde guerre mondiale vient interrompre le travail en cours, le peintre étant mobilisé et envoyé en Afrique du Nord où il reste jusqu’à la signature de l’armistice en juin 1940.

La reprise du travail d’artiste, peintures religieuses vs peintures laïques

De retour à Saint-Laurent-sur-Save, le peintre reprend son travail et réalise en deux mois l’immense toile voulue par l’abbé. L’accrochage a lieu le 12 novembre 1940. L’abbé Carrère, enthousiasmé, décide de confier au jeune peintre l’intégralité de la décoration de la petite église. Le peintre ne demandera à l’abbé que le prix des fournitures et le logement mais la réalisation successive de ces œuvres (peintures des chapelles latérales, du chœur et du sublime chemin de croix) lui assureront une solide réputation. La fresque sera classée aux Monuments historiques en 2001, du vivant du peintre.

5.Henri L. Petit, « René Gaston-Lagorre : une vie dédiée à la peinture », Savès-Patrimoine : Savès et Serrère, Rieumes, Bulletin annuel de l’association Savès-patrimoine, 1994, pp. 111-131.

6.In L’Ariégeois, décembre 1987, p.40

Début 1944, Joseph Dauban accorde au peintre une coquette somme de 225 000 francs pour qu’il représente les quatre saisons sur les murs de la grande salle de la mairie de l’Isle-en-Dodon. L’artiste réalise cinq grandes toiles que l’on peut encore admirer en ce lieu.

Après la guerre, le peintre réalisera deux autres tableaux pour la commune : l’une représente la tragédie du maquis de Meilhan, l’autre symbolise la République victorieuse. Elles sont toujours accrochées aux murs de la grande salle de la mairie de l’Isle-en-Dodon dédiée au peintre.

Les commandes publiques vont bientôt définitivement asseoir la notoriété du peintre. René Gaston-Lagorre va décorer la salle des mariages de la mairie de Boussens de sept toiles très originales qui évoquent la vie en montagne aux différentes saisons mais aussi les Trente Glorieuses. Il peindra également pour la mairie de Colomiers des toiles en forme d’hymne à l’histoire de l’aviation dont on ne sait aujourd’hui, après moult déménagements, ce qu’elles sont devenues .

1955. Seix (Ariège) Mme Jalabert admire dans l’atelier du peintre à Seix “L’été”, une des 7 toiles de Boussens fraîchement peinte.

En 1946, le peintre réalise le magnifique portrait du cardinal Saliège. En 1953, il fait don de quatre grandes toiles à l’Eglise. Elles ornent aujourd’hui encore les fonts baptismaux de l’église Saint-Etienne de Seix . Dans la foulée le peintre réalisera trois chemins de croix (celui de Saint-Laurent, celui de l’hôpital de Pamiers (récemment volé) et celui de l’église de Bonnac).

La vie parisienne et mondaine

C’est dans les années 50 que le peintre va s’installer au 44 Avenue Duranton, dans le XVe arrondissement de Paris. Il y possède son atelier et expose ses œuvres depuis quelques temps déjà dans plusieurs galeries parisiennes. Mais il en est une qui va très régulièrement exposer ses toiles et à laquelle il restera fidèle jusqu’à sa mort, il s’agit de la galerie Charley Chevalier devenue Galerie Weiller, située 5 rue Gît-le-Cœur dans le 6e arrondissement de Paris, non loin de saint-Germain des Près.

Photo

Le peintre sépare très volontairement sa vie parisienne de la vie qu’il mène en Ariège quand il revient chaque été à Seix. Ce « cloisonnement » volontaire fait que très peu d’ariégeois savent comment le peintre vivait à Paris. La capitale centralise davantage encore qu’elle ne le fait aujourd’hui la vie artistique et culturelle et les grandes expositions… Le peintre fréquente assidûment les musées tels que le Louvre et Orsay et court les galeries. L’opéra Garnier est également l’un de ses lieux favoris, il le fréquente le plus souvent possible.

En automne, l’artiste va souvent sur la Côte d’Azur où il a acheté une maison à Golfe Juan, c’est un lieu ensoleillé qui l’enchante d’autant plus qu’y vivent bon nombre d’artistes , un lieu où ont résidé des maîtres incontestés de la peinture tels Bonnard, Matisse ou encore Picasso et où résident encore bon nombre d’artistes. René Gaston-Lagorre continue de voyager et pars fréquemment en Espagne ou au Maghreb, principalement au Maroc…

Quand il rentre à Paris, travaillant souvent très tôt le matin et tard le soir en y mettant toujours le même acharnement et la même passion. Dans la capitale, , il s’immerge dans le milieu de l’art contemporain .

Il exposera ses toiles au Salon des « Réalités Nouvelles » quatre années de suite – en 1972, 1973, 1974 et 1975 – et dès 1987, exposera régulièrement à Paris et à Washington.

Paris, l’île de la Cité. Dessin à l’encre. Carte de vœux. 1959. Invitation à l’exposition qui se tient à la Galerie Rivère à Paris

Ne croyez pas pour autant qu’il en oublie le lien social ! Souvent invité à des dîners officiels (il vend certaines de ses œuvres à des personnalités ou des institutions de prestige comme au roi Hassan II du Maroc ou à l’État français ! ), il partage aussi des repas festifs où il fait preuve de gentillesse et de convivialité avec des amis originaires d’Ariège, exilés comme lui à Paris et qu’il retrouve volontiers dans la capitale ou en Normandie ! Dans le XVe arrondissement, il se rend alors assez souvent dans la famille de l’une de ses amies seixoise, Josette Vidal, pour y dîner le soir.

Photo René

Le peintre profite également de la proximité de la Normandie pour aller peindre comme l’avaient fait les impressionnistes avant lui, les falaises d’Etretat, le petit port d’Honfleur ou les paresseux méandres de la Seine sur laquelle glissent en silence de grosses péniches noires, du côté des Andelys…

La Seine aux Andelys. Hst.33x41cm.1948 – Étretat. Gouache. 31x24cm. 1949

Le goût de l’abstraction

La figure du ‘Z’ – qui a fait son apparition à la fin des années 60-, va s’ancrer dans son œuvre comme un leitmotiv au début des années 1970 et faire basculer le peintre dans l’abstraction. «Ce fut comme ma réponse à un appel, à une voix intérieure devenant de plus en plus impérative. Je n’ai pas cherché à céder à une mode mais à peindre pour me faire plaisir »

Z paintings
Invitation à l'exposition"Z paintings". Gallery K. Washington

Sa notoriété est suffisamment grande désormais pour que le peintre puisse vivre confortablement de sa peinture. Toute sa vie durant il se sera adonné à sa passion et aura réussi le très difficile pari d’en vivre.

Le 20 février 2004, l’artiste s’éteint à l’âge de 91 ans à Paris, connu et reconnu à Paris comme à Washington.

Incinéré au funérarium de Tarbes, ses cendres reposent au cimetière de Seix.

 

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