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Petites églises et chapelles de montagne

  /  Petites églises et chapelles de montagne
En deçà et par-delà les Pyrénées, petites églises et chapelles de montagne

En Ariège comme dans le Val d’Aran, bon nombre d’églises et de chapelles ont été édifiées au Moyen -Age, entre le XIe et le XIII e siècles pour les plus tardives d’entre elles. En ces lieux, pas de ville ou de village sans église et l’on se laisse parfois surprendre, lors de randonnées en montagne, par la découverte ici et là, de chapelles isolées comme celle que le peintre s’est ici attaché à magnifier

Datée du XIIe siècle, la chapelle Saint-Sernin de Soueix (Ariège) a gardé intact son clocher-mur orné de colonnettes et son chevet décoré de modillons. Sur l’une de ces toiles, le peintre la représente à l’automne, vue depuis la rive droite du Salat dont on aperçoit les eaux limpides qui bondissent joyeusement. Sur l’autre toile, en revanche, même si le sujet est similaire l’impression diffère grandement. Y dominent le bleu et le vert, couleurs froides, mettant davantage en évidence l’approche de l’hiver et le côté sombre de la forêt et du lierre qui semble ronger le tronc des arbres.

Non loin de là, un autre joyau d’exception de l’art roman, l’église Notre -Dame de l’Assomption sise à Vic d’Oust (Ariège), est représenté de manière encore bien différente. Vue de l’extérieur l’église semble posée dans la vallée, au milieu des prés avec pour toile de fond une colline boisée et les pics des montagnes enneigées, au loin. L’église offre l’image riante et gaie de la ruralité. On aperçoit les vaches paître paisiblement au pied de cette église et l’on voit, – peut-être au sortir de la messe ?-, quelques personnes déambuler non loin. L’église est ici perçue comme un lieu de vie, les couleurs douces et complémentaires, (majoritairement le vert; le rouge et le rosé) entrent en contraste avec le marron utilisé pour peindre l’arrière-plan. Un paysage serein et souriant.

L’ intérieur de cette même église peint sur une autre toile, en offre en revanche une vision bien plus sombre. L’espace y semble saturé. Chaises en désordre, pupitre, chaire à prêcher, tout le mobilier liturgique est ici représenté à gros traits. Le jour n’éclaire que faiblement, de manière latérale la nef centrale mais l’on peut deviner le bas-côté étroit qui la longe et le plafond à faux caissons qui la recouvre entièrement. La couleur marron domine toute la toile. La faible luminosité et l’épaisseur du trait rendent compte de la rusticité de cette église, vide de toute présence humaine. La simplicité et la pauvreté due mobilier de bois donnent à l’intérieur de cette église un caractère de rudesse qui s’accorde parfaitement à celle des hautes vallées d’Ariège.

…parmi toutes les églises romanes peintes par Lagorre, c’est sans conteste la merveilleuse petite église de Salau qui détient ses faveurs.

Il la peint en toutes saisons. La simplicité de son architecture, la pureté de ses lignes, ses proportions parfaites séduisent l’artiste. Mais en 1982 un drame va se produire. Le Salat, ce torrent impétueux qui dévale la montagne depuis les pentes du Valier et coule au pied de la petite église, entre en crue. Il emporte tout sur son passage, le cimetière adjacent, le chevet et la nef, parties les plus anciennes de l’édifice datées du XIe siècle. Cet événement vient brutalement affecter l’existence d’un édifice fondé huit siècles auparavant par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

Le peintre participera de façon active à une collecte de fonds en vue de sa restauration en créant carte et affiche, vendues au profit de la restauration de la chapelle. Des fonds publics sont débloqués, l’église est alors restaurée à l’identique par la Conservation des Monuments historiques. On retrouve cette petite église sur bon nombre de toiles et de gouaches peintes par René Gaston-Lagorre, y compris dans des perspectives plus larges, qui englobent la vallée toute entière, comme on le voit sur une des toiles, datée de 1975 – et donc antérieure à la crue dévastatrice du Salat-. Quelques années plus tard le peintre nous donnera une vision profondément originale du village de Salau et de son église comme pris dans des faisceaux d’éclair par un soir d’orage…

C’est dans l’église de Salau que le peintre choisira d’accrocher l’une de ses dernières toiles, La Vierge à l’isard, exécutée en 2004 quelques mois avant son décès.

René Gaston-Lagorre franchit souvent la barrière pyrénéenne pour se rendre dans la province de Lérida . Séduit par le cadre somptueux des Pyrénées catalanes, il peint à plusieurs reprises le petit village de Tahüll . Ce village, dont le nom est étroitement associé au maître qui œuvra pour décorer les chapelles romanes, au XIIe siècle, devient même l’une de ses haltes de prédilection.

René Gaston-Lagorre s’intéresse surtout à l’architecture de ses deux églises romanes, celle de Santa Maria et celle de Sant Climent dont les clochers altiers, encadrés par la roche sombre de la montagne, s’élancent vers le ciel.

L’église Saint-Michel (església de Sant Miquel) église romane, située dans le village d’Engolasters reste l’un des plus beaux exemples d’art roman andorran, son clocher lombard de dix-sept mètres se détache dans la grandeur du paysage et tranche avec la sobriété et la petite dimension des bâtiments. L’influence lombarde, venue d’Italie du Nord se développe dans les vallées à partir du XIIe siècle, ne modifiant cependant en rien la modestie des édifices habillés de galets ou de moellons dégrossis.Véritables emblèmes communautaires, ces tours rondes ou carrées ont un rôle à la fois de défense et de communication à l’instar des forteresses cathares . Surplombant la vallée, dressés sur un contrefort rocheux, les clochers servent de tour de guet pour avertir des dangers,du haut de ces promontoires, on sonne le tocsin et l’on envoie des signaux lumineux d’un bout à l’autre de la Principauté. René Gaston-Lagorre en donne plusieurs représentations comme il le fera avec ces autres petites églises toutes proches que son Santa Coloma, l’une des plus anciennes d’Andorre , et Saint-Saturnin ( església de Sant Serni) , l’église paroissiale de Canillo.

D’autres petites églises ou chapelles peintes au gré des saisons où le peintre s’attache à nous montrer la rudesse du climat et les traces de la vie montagnarde dans ces hautes vallées … Rien n’est plus difficile dit-on que de peindre la neige voilà pourtant un exercice où René Gaston-Lagorre excelle. Il peint l’épaisseur sur les toitures de lauzes des petits villages de montagne mais aussi la beauté du cadre dans lequel elles sont insérées et la transparence des mille reflets bleutés des pentes enneigées des montagnes…

C’est encore avec un clocher lombard en toile de fond que le peintre évoque la contrebande qui , depuis toujours a cours entre Andorre et Ariège…. et , à cette époque, les douaniers arpentent la frontière et ne trouvent jamais très loin. Dans la peinture de Lagorre, la montagne est le plus souvent habitée, douaniers, bergers ou chasseurs d’isards ne cessent de s’y croiser…