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Fleurs réelles et fleurs imaginaires

  /  Fleurs réelles et fleurs imaginaires

Fleurs réelles

En 1974-1975, l’artiste rend hommage à la beauté de la nature en peignant des fleurs . Parmi les fleurs cultivées, séduit sans doute par la pureté de sa couleur et par sa forme élancée qui semble le faire jaillir du sol, le peintre affirme une nette prédilection pour la représentation des arums qu’ils soient blancs ou roses. Mais Lagorre peint aussi des fleurs champêtres. Des tournesols – comme un hommage à Van Gogh-, des bleuets ou des coquelicots et ces chardons bleu-violacé que l’on peut voir sur les versants de nos montagnes .

Parfois, le peintre place la fleur au tout premier plan du tableau. Il la fait s’élancer sur la toile avec grâce et élégance quand, derrière elle, par la fenêtre ouverte se dessine un minaret, une église de village ou la cathédrale Notre-Dame, Ainsi sur cette toile, tels des oiseaux de feux (oiseaux de paradis) qui semblent vouloir s’envoler par la fenêtre, peint-il des « strelitzias » dont le nom reste inscrit au dos de la toile, cette fleur tropicale observée maintes fois sur le pourtour du bassin méditerranéen et plus communément appelée « oiseau de paradis »…

Parmi ces bouquets dont nous livrons ici quelques représentations, il en est un tout à fait exceptionnel et ce, à plusieurs titres !

Exécuté en 1943, alors que le peintre avait tout juste 30 ans, il est sans doute sa toute première représentation en peinture d’un bouquet de fleurs.

Le tableau que nous nommerons « Bouquet à la mandoline »,  bien composé, parfaitement équilibré, dévoile un style encore très académique ne serait-ce que par le choix de sa thématique obligée pour l’époque, un réel exercice de style ! On y perçoit clairement l’influence très décorative des Nabis mais aussi la volonté qu’a le peintre de mettre les arts en correspondance. Ici la musique (la mandoline) côtoie à la fois la peinture (le tableau lui même et ses éclats de couleurs) et la poésie (celle qui émane du bouquet de fleurs).

Quand on retourne ce tableau on éprouve une autre surprise, assez émouvante elle aussi puisqu’ on peut lire au dos de la toile cette inscription : « Au profit des prisonniers de guerre et déportés ».

Cette toile a une histoire : du dire même de sa propriétaire, elle a été « gagnée » par sa grand-mère lors d’ une tombola à laquelle cette-ci participait … Depuis, la toile, maladroitement signée et datée par un peintre encore jeune, est soigneusement conservée et reste accrochée au mur de la maison familiale.

 

Fleurs imaginaires

En 1997, Lagorre décide de laisser libre cours à son imagination en peignant des fleurs aux formes rêvées, souvent sinueuses, elles s’entrelacent et laissent éclater leurs couleurs, ce sera les “Bouquets dans le Z” qui valent au peintre cette belle introduction de Robert Marteau à l’exposition de 1997 qui se tiendra à Paris, à la Galerie Weiller :

« La plus éphémère des manifestations du végétal, la fleur, est en même temps et le lieu de l’amour perpétué et celui de l’éternité. Des ténèbres de la putréfaction elle se hisse par l’échelle de la plante aux extrémités les plus favorisées par la lumière. Offrande de la terre au ciel, ligation entre l’une et l’autre, elle est depuis l’origine le modèle du temps. Les fleurs qu’il arrange en bouquets, René Lagorre les laisse venir en lui et les voit par la main en l’âme éclore.

Absolument converties ou métamorphosées en peinture, elles vivent dès lors du regard qui les contemple. »

Robert MARTEAU, Février 1997.