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L’invention des Z

  /  L’invention des Z

En 1987 Pierre Weiller et Charley Chevalier présentent dans leur galerie encore située au 27, Rue de la Ferronnerie à Paris (1er arrondissement) « Peintures », une exposition de René Gaston-Lagorre. Ces œuvres sont réalisées et uniquement sur des formats 1 et 5 figures et sur chacune d’entre elles figure le fameux Z dont Lagorre lui-même nous dévoilera le sens.

Enthousiaste, Robert Marteau écrit la Préface du catalogue d’exposition dont nous donnons ici un extrait :

« Croisées, c’étaient ces fenêtres par lesquelles le givre, l’aurore, la lumière, l’éclair de l’orage – l’éloise, nous disions – se manifestaient à notre vue, comme les étoiles de la nuit d’été ou la lune hivernale, et cela en un rectangle bien précis, quadrillé, dans lequel pouvait en oblique jouer la barre pour ouvrir ou fermer, le jeu de celle-ci formant des Z avec les traverses, les petits bois et dormants, jusqu’à ce qu’elle fût amenée à la verticale.

Z, c’est la première lettre de Zeus, le nom du dieu porte-éclair dont la foudre raye l’espace entre ciel et terre liés soudain en cet instant que nous avons appris à mesurer ; Z, c’est le cygne sur le lac , l’oiseau serpent qui conjoint le ciel à l’eau… »

… « Hé oui, parfaitement, ce sont des petits rectangles magiques, des talismans (objets marqués parfois de signes cabalistiques, auxquels on attribue la vertu d’apporter le bonheur ou de conférer un pouvoir magique. Ce qui a des effets merveilleux), Je ne vous le fais pas dire ; non, c’est le Petit Larousse qui le dit. Ce sont des icônes, des images saintes, d’où apparemment ce que nous nommons image aurait disparu ; disparition, en effet, qui n’est qu’apparente puisqu’elle s’opère au bénéfice de l’épiphanie, du surgissement de la lumière dont se fluidifie la couleur. Et tout est fixe et fixé, tiré au cordeau, droit comme un fil.,, »

« Après les maîtres, il ne nous reste plus qu’à simplifier... »

Robert Marteau, Les Z de Lagorre, catalogue d’exposition 1987. Paris

«  … Les toiles sont de petit format mais quel plaisir ! L’œil va de l’une à l’autre pour mieux saisir le langage, s’en repaître, s’en délecter, s’en amuser, s’y noyer et s’y perdre jusqu’à en éprouver une profonde jouissance.
Pourquoi avoir choisi le Z pour réaliser des gammes ? Parce qu’il est la dernière lettre de l’alphabet et donc la moins aimée ? Parce qu’il brandit la foudre et zèbre le ciel de phosphorescentes interrogations ? Parce qu’ il est insaisissable, transformable à volonté et cependant jamais dénaturé ? Tout simplement parce qu’il est tout cela à la fois et en plus magique, porteur de signes cabalistiques du givre sur la vitre et entrelace en un savant éclair le ciel, l’eau et la terre….

René Lagorre a atteint la simplicité des maîtres et leur densité décuplant la force des signes par celle, admirable, des couleurs. »

F. Caries. « Les Z de René Lagorre vus à Paris », 30 juillet 1987.

«  Dans l’abstrait, il faut beaucoup d’esquisses et d’études. Vous ne retenez pour finir que celle qui a le plus de force. Z constitue pour moi une icône de fin de siècle. Il s’agit avant tout de rapports de tons rares. Un tableau ne s’explique pas, il garde son mystère. D’ailleurs, l’art au début est fait pour troubler. »

« Interview de R. Lagorre par G. Tamagnan ». L’Ariégeois,décembre 1987.p.41