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Le bestiaire de Lagorre

  /  Le bestiaire de Lagorre

Entre bêtes sauvages, animaux domestiques ou encore bêtes sauvages que l’homme tente de domestiquer, le bestiaire de Lagorre s’affirme assez complet !

Parmi les animaux sauvages, sur les tableaux de Lagorre figurent un aigle, des isards , les tigres qui accompagnent Mowgli dans la jungle,  quelques perdreaux pendus dans la cuisine mais aussi un lièvre qui file, ventre-à-terre, à l’automne, dans les sillons, tentant d’échapper au fusil du chasseur. Y figurent également des ours que l’homme a asservis, ou, plus exotiques des singes et un flamant… Les taureaux représentés dans l’œuvre sont exclusivement des taureaux de combat que l’on ne voit figurer que sur les toiles de corridas.

Certains de ces animaux sauvages ont été dressés, domestiqués par l’homme tel l’ours qui, d’un côté comme de l’autre des Pyrénées, sert de gagne-pain à des gens miséreux. Le singe a également été arraché à son milieu naturel et dressé pour amuser les enfants sur la piste du cirque. Même chose pour les chevaux, autrefois sauvages, qui, bien qu’ils continuent de galoper du côté du Maghreb lors des fantasia sont devenus pour la plupart d’entre eux ces animaux de cirque, affublés d’un plumet, qui obéissent à la voix et au fouet du dompteur et servent à la voltige.

Lagorre excelle à peindre les chevaux qu’il les saisisse en pleine course ou qu’ils les fasse se cabrer sur la piste du cirque. Il en a étudié avec une grande exactitude l’anatomie comme il l’a fait pour étudier l’anatomie des ours quand il se rendait, à Paris, au museum d’Histoire naturelle. L’artiste peint plus rarement des chevaux de trait qui apparaissent toutefois sur quelques uns de ses tableaux.

Lièvres et isards sont quant à eux chassés par l’homme pour se nourrir au même titre que l’est ce flamant rose rapporté par le chasseur au sein d’une famille africaine. C’est là la vision que nous offre le peintre.

Lagorre, qui ne s’en cachait pas, a vécu une époque où l’on souffrait encore de la faim et n’oublions jamais qu’il vivait et seulement du fruit de sa peinture ! Tous ceux qui l’ont connu savent très bien qu’il aimait festoyer, se mettre à table était pour lui un véritable plaisir et il ne refusait jamais de faire bonne chère ! Comme ceux qui ont vécu le manque pendant la guerre, Lagorre appréciait les bons repas, à tel point qu’il honorait parfois d’une toile la truite fario ou les écrevisses dégustées le dimanche avec les amis ou en famille d’autant plus que celles-ci étaient objets de contrebande, ce qui n’en donnait que plus de goût au repas !

Parmi les animaux domestiques, hormis le chien, fidèle compagnon du berger qui guide et garde le troupeau de brebis sur les estives, figurent dans les toiles de Lagorre tous les animaux ordinaires de la ferme : de magnifiques dindons, hautains à souhait, des oies bien grasses qu’ici ou là on gave encore à l’entonnoir en prévision du confit à venir, de jolies poules noires qui picorent en altitude du côté de Capvert, à proximité de lapins. Le cochon, quant à lui, ne figure sur la toile que pour être vendu au marché comme le sont les poissons. Dans le tableau intitulé “L’Hiver”, dans un coin de la toile, on assiste à la saignée du cochon avant qu’il ne soit transformé en jambons, saucisses et saucissons, précieuses provisions pour l’hiver, tradition oblige.

Sur de très nombreuses toiles on aperçoit aussi des bœufs attelés, indispensables auxiliaires de l’homme qu’ils aident au moment des moissons et de la fenaison, et puis des vaches aussi, qui paissent bien souvent en toute sérénité, à flancs de montagne, près de granges foraines. Les ânes et les mules aux bâts lourdement chargés traversent ponts et rivières et, sur les toits bleutés des villages s’envolent parfois de blanches tourterelles.

Force est de constater que sur les toiles de Lagorre, seuls l’aigle royal qui plane dans les airs, les tourterelles et deux cygnes gracieux qui voguent sur un lac et dont la blancheur n’a d’égale que celle des tourterelles, semblent échapper à la domestication par l’homme.