René Gaston-Lagorre
LE PASTORALISME
LES BERGERS
Au milieu du XIXe siècle le peuple paysan devient un sujet d'art. Lagorre ne craint donc pas de mettre le berger au centre de son œuvre figurative, la traitant, en apparence, avec un réalisme cru. La transposition picturale que nous propose le peintre se situe très loin en effet de la vision idyllique et idéale qui prévalait dans les pastorales des XVIIe et XVIIIe siècles. Ici les portraits de bergers nous montrent des visages dont la rudesse éclate sut la toile, peau tannée, traits creusés, sourcils broussailleux...Les mains des bergers, larges et noueuses, témoignent aussi de la force et de la rudesse du métier qui est le leur. Lagorre choisit de peindre ces hommes dans leur cadre de vie montagnard et pourtant la fantastique couleur des ciels de montagne, celle des ombres portées sur les parois rocheuses aux teintes violacées, le choix de clairs-obscurs, le soir, dans la cabane tend à nous faire rêver ...


LES BERGERS-FROMAGERS
Lagorre nous montre avec une précision quasi documentaire le travail des bergers-fromagers dans leur cabane d’estive La gestuelle, les trépieds nécessaires à l’assise, les seaux à traire ou lérous, les barattes, tout est dessiné et peint avec minutie sur la toile et pourtant, ces tableaux sont hors réalité tant la lumière et les couleurs qui inondent la toile magnifient ces hommes et idéalisent leur cadre de vie...

CHASSE ET CHASSEURS
« J’ai retrouvé l’Ariège, l’éternelle Ariège emplie de poésie et de richesses, vieille et sauvage, truffée de trésors. Je l’ai retrouvée avec des souvenirs archaïques remontant aussi loin que la nuit des temps. Je l’ai retrouvée grâce à Lagorre, peintre sensible, mais aussi enfant fidèle de ces montagnes, sur les flancs desquelles il se plaît à galoper en savates dans d’impossibles sentiers, à la recherche d’un paysage toujours nouveau. Ainsi au terme d’une de ces folles randonnées, Lagorre a découvert les chasseurs d’isards. Et aussitôt les cimes prennent l’allure de spectres, le paysage rougeoie, l’arbre se dessèche...pour être bien dans l’ambiance du massacre qui vient de se dérouler.»<br /> Claude Jaury. Le Patriote, 6 février 1952 (à propos de l’exposition Lagorre à la Galerie Chappe (Toulouse). Comme la pêche à la truite, la chasse à l’isard a longtemps été une activité des plus traditionnelles dans les hautes vallées d’Ariège. La splendeur des paysages, la sérénité des lieux, l’abondance des torrents aux eaux cristallines n’y sont évidemment pas pour rien ! Toutefois, longtemps la chasse et la pêche répondaient surtout, dans un territoire enclavé où régnait la misère, à une nécessité, celle de se nourrir et de ce fait à une promesse, celle de faire un bon repas...