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Les paysages de Normandie

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Par opposition aux paysages méditerranéens gorgés de soleil, le peintre, qui prend plaisir à voyage, va se rendre plusieurs fois en Normandie où le reçoivent famille et amis. Il y exécutera quelques paysages normands en en privilégiant trois.

Les emblématiques falaises d’Etretat dont la plage de galets gris, léchée par les eaux vertes de la Manche aux mille et un reflets, a déjà attiré avant lui nombre d’impressionnistes. Avant que Lagorre ne s’y intéresse ces falaises dont la grande arche crayeuse est érodée par la mer depuis des siècles, ont vu défiler les grands maîtres.  Claude Monet les prend comme l’un de ses sujets privilégiés. Sur une cinquantaine de toiles, il les représente par tous les temps, à différentes saisons, pour mieux en saisir l’impression et la luminosité changeante, au fil des heures. Eugène Delacroix (« Étretat, la roche percée » en 1838), Gustave Courbet (« La Falaise d’Étretat » après l’orage en 1870), Camille Corot (« La plage d’Étretat » en 1872) ou encore Eugène Boudin (« Étretat, la falaise en amont » en 1896) ont eux aussi représenté ce joyau naturel de Normandie que sont les falaises d’Etretat, un paysage qui continue aujourd’hui encore à inspirer les peintres.

Le port d’Honfleur surnommé à juste titre « La cité des peintres », situé non loin de là, dans l’estuaire de la Seine, reste un lieu fréquenté par de nombreux artistes. Berceau de l’impressionnisme, ce petit port de Normandie conserve un caractère très authentique . Il a été rendu célèbre par Eugène Boudin, natif de Normandie, ami de Baudelaire et de Gustave Courbet, qui y emmènera Claude Monet. Plus modestement, Lagorre, comme il le fera pour le port de Sète dont il est tombé amoureux ou pour celui de Peñiscola en Espagne, va s’attacher à représenter la vie qui l’anime (départ et retour des pêcheurs) et la beauté des miroitements des coques des bateaux colorés dans les eaux grises et vertes du bassin portuaire.

La Seine qui déroule ses majestueux  méandres du côté des Andelys (Seine-Maritime) fera l’objet de plusieurs peintures dont l’une, réalisée avant 1954, sera acquise dès l’origine par le musée des Augustins de Toulouse (1) . Les boucles de la Seine , encadrées de falaises couleurs de craie, fascinent le peintre par le calme qui en émane mais aussi par le miroitement de l’eau aux couleurs gris-argent.

(1)Il s’agit d’une gouache sur papier gris, sobrement titrée Estuaire de la Seine (24,2cm x 32,2 cm), signée en bas à droite G. Lagorre (n° inventaire : RO1241).

Vue d’une falaise, cette gouache nous offre la perspective d’une prairie verdoyante entrecoupée de haies plus sombres laquelle semble venir se perdre sur la bordure d’un large fleuve gris, au cours majestueux, où se reflète un ciel baudelairien1.

Seul signe de vie sur la gouache, cette péniche qui surgit sur la droite et qui semble braver les éléments et la pluie à venir. La nature semble ici écrasante, l’atmosphère pesante, le climat menaçant. Au-delà des méandres, on devine l’immensité de l’océan.

 

1Nous faisons ici allusion au poème de Charles Baudelaire Spleen qui débute ainsi :

« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits  … 
» Les Fleurs du mal. LXXVIII. Spleen