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La décoration de la petite église de Saint- Laurent sur Save (Haute-Garonne)

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La Sainte Trinité et la Vierge à l’Enfant

Pendant ses vacances à Seix, le jeune peintre rencontre madame Benqué, une bourgeoise de l’Isle en Dodon qui se montre fort enthousiaste au vu de ses toiles, C’est elle qui, un peu plus tard, lui présentera l’abbé Carrère lequel dessert alors la paroisse de Saint-Laurent-sur-Save.

Grâce à cette rencontre, la carrière du jeune homme va véritablement commencer.

En 1938 l’Abbé Carrère, commande au peintre deux toiles afin dit-il de couvrir la nudité des murs de la petite église de Saint-Laurent, voici ce qu’en dit le peintre : « Je proposais de représenter d’un côté la Trinité et de l’autre la Vierge à l’Enfant, ce qui fut accepté »1

1René Gaston-Lagorre et ses œuvres, Henri-L PETIT, op.cit.

La fresque du martyre de saint Laurent

Enthousiasmé par la réalisation de ces deux œuvres, l’abbé Carrère passe commande d’une toile afin de décorer cette fois le mur occidental de l’église. Il en impose le sujet : la toile évoquera le martyre de Saint-Laurent, patron de la paroisse. La fresque qui va être réalisée vise à montrer aux fidèles ce qu’est le véritable attachement à la foi à travers l’exemplarité d’un martyr.

« J’ai cherché à organiser mes compositions en me soumettant à l’architecture et au style de l’église » affirme alors René Gaston-Lagorre et de fait, l’ogive centrale de l’église va se trouver incorporée à la fresque, semblant aspirer vers le ciel le martyre cloué sur le gril.

Le peintre use de couleurs vives et rougeoyantes et d’un effet de contre-plongée pour mieux donner à voir le corps du supplicié dévoré peu à peu par le feu. Le peintre affirmera non sans malice « avoir voulu réchauffer ce vaste mur comme une grande tapisserie gothique ». Comme le faisaient bien avant lui les peintres de la Renaissance pour témoigner leur reconnaissance au mécène qui finançait leur création, le peintre fait figurer dans la fresque l’abbé Carrère qu’il place à côté de son neveu et au côté de villageois dont fait partie le forgeron du village, eux qui ont accepté de poser pour lui et de lui servir de modèles.

La fresque est classée aux Monuments historique en 2001, du vivant du peintre -ce qui reste assez rare- et qui vaut donc d’être souligné.

La décoration des chapelles latérales et du chœur

«Lorsque sa toile fut bien en place, bien placée et tendue sur le châssis fixé au mur, notre jeune artiste entreprit de décorer de la même façon les chapelles latérales »1

Le peintre commence à utiliser un procédé dont il usera plus tard dans l’exécution par exemple des quatre tableaux des Fonts baptismaux de Seix (lien interne)à savoir la démultiplication de scènes à l’intérieur même du tableau.

Il entremêle l’histoire de la mythologie chrétienne ancienne et l’histoire contemporaine, ainsi peut-on voir, au bas du tableau du Sacré cœur, une femme en cuirasse tenant dans ses bras, dans un geste de maternité, le corps d’un soldat mort enveloppé dans le drapeau français tandis que les villageois se signent, pleurent et prient autour d’elle et qu’une jeune enfant dépose un bouquet à ses pieds.

Le thème du temps qui passe et qui voit défiler les saisons est lui aussi déjà présent , mais ce qui frappe surtout, ce sont les couleurs vives, douces et chatoyantes qui semblent diffuser leur lumière sur l’ensemble des tableaux.

L’inauguration des peintures de l’église se déroula en 1942, sous la houlette de Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse assisté pour ce faire de monseigneur Garonne et de l’abbé Carrère.

En 1947, le peintre réalisera un magnifique portrait2 de Monseigneur SALIEGE récemment promu Cardinal. Ce portrait est aujourd’hui encore suspendu dans l’une des petites salles donnant sur le patio de l’archevêché, à proximité de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse.

Plus tard, vers 1950, René Gaston-Lagorre réalisera un Christ en Gloire tétramorphe, toile qui sera placée derrière le maître-autel. L’origine biblique du tétramorphe vient de la vision d’Ezechiel reprise dans l’Apocalypse selon saint Jean. Il désigne et représente les quatre animaux ailés situés aux quatre angles de la toile : l’homme ange symbolise Matthieu, le lion est Marc, le taureau est Luc, l’aigle est Jean.

Le peintre signera enfin cette même année les quatorze stations d’un superbe chemin de croix et clôturera ainsi la décoration intégrale de la petite église.

1René Gaston-Lagorre et ses œuvres, Henri-L PETIT, entretiens d’août 1994, Savès patrimoine, 1994

2Le portrait du Cardinal Saliège exécuté en 1947 (Hst. 64X53cm) a été reproduit avec l’autorisation de l’évêché dans le livre pré cité, René Gaston-Lagorre, de l’académisme à l’abstraction, p.44.