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Montsegur

  /  Montsegur

« L’œuvre qui marque le mieux le passage du figuratif à ce que j’appelle l’abstrait réaliste fut de toute évidence Le château de Montsegur » René Gaston-Lagorre, 1987

 

Symbole incontesté de la résistance cathare depuis le XIII e siècle, la citadelle fascine et continue d’alimenter aujourd’hui encore l’imaginaire collectif. C’est à cet endroit que deux cent vingt-cinq parfaits refusant d’abjurer leur foi moururent brûlés vifs au pied du rocher, au lieu-dit Prat del Cramats. Cette tragédie associée à la sauvagerie et à la magnificence de l’endroit ont fait de Montsegur un lieu emblématique.

Quand René Gaston-Lagorre s’empare de ce sujet, l’émotion est vive et perceptible. Tantôt il nous donne à voir la structure architecturale du château dans des tons lugubres de violet et de noir qui apparentent la citadelle à un tombeau ; tantôt il transforme cette même forteresse en un brasier ardent qui explose sur la toile et qui continue de rougeoyer dans le ciel, illuminé de doré et de blanc comme en hommage à l’idéal qui était celui des Parfaits, comme un élan vers la spiritualité. Tantôt la citadelle, ancrée sur son rocher, prend l’apparence d’un navire projeté en plein ciel, dans un ciel de tourmente où les éléments se déchaînent ne laissant apparaître, au travers de quelques faisceaux de lumière, que les à-pics vertigineux qui l’entourent. Lagorre varie les points de vue : plongée, contre-plongée, vue intérieure ou extérieure, il peint Montsegur sous toutes ses formes et par tous les temps, celui des moissons où l’on aperçoit, au pied de la forteresse campée sur son rocher, des bottes de foin sagement alignées dans les prés de fauche, mais aussi en plein hiver quand seul le rougeoiement d’un feu se laisse entrevoir par la porte d’une cabane…

« Montsegur je l’ai peint bien avant qu’on en parle. J’ai deux gouaches qui datent de 50 ans, Montsegur je le connais bien … Madame de Pierrefeu m’a invité à faire une exposition chez elle, à Montsegur. C’était une aubaine. Je n’ai jamais vu Montsegur comme un document mais plutôt comme le bateau de Rimbaud qui met le cap sur un monde impossible ou comme une épave engloutie avec toute sa majesté»

 

« R. Lagorre interview par G . Tamagnan ».L’Ariégeois, décembre 1987.

Voici ce qu’écrit J-L Causse en 1968, après avoir vu l’exposition :

« Lagorre a toujours été profondément touché par le drame cathare et son « Montsegur » mérite une attention particulière. Il est facile de découvrir dans ce tableau toute la pureté avec laquelle le peintre du Couserans a voulu décrire ce temple qui fut celui du soleil avant d’être celui de la perfection. La rudesse des couleurs, la sobriété des lignes qui s’en dégage, la nuit éternelle qui baigne les longues murailles sont comme autant de cris poussés très fort pour dénoncer la souffrance des Parfaits. »

 

J-L. Causse in La Vie du Couserans, n° 11, juin-juillet 1968 . Exposition R. Lagorre. Seix

Et nous livrons ici quelques extraits d’articles sur ce même sujet :

«Cet artiste , fort connu à Londres, New-York, Rome ou San Francisco, aujourd’hui célèbre dans la capitale…voit en Montsegur la conjonction de l’art et de l’histoire, cette présence qu’analysait Camus, qui devient toujours la « puissance de créer » » 

 

« Parfois, sous son pinceau, la vieille citadelle cathare nous apparaît ruisselante de flammes qui s’effacent sur l’horizon embrasé, tantôt il nous présente le visage d’un squelette décharné, d’un absolu sinistre, où l’âme n’a d’autre refuge que la solitude éperdue du vaisseau de pierre amarré sur le roc… » 

« Montsegur : Lagorre l’a aperçu silencieux, touchant le ciel, éclairé par un faible croissant de lune, ou par un jour torride, écrasé de soleil. Il l’a escaladé, le long des roches vertes et moussues aux à-pics impressionnants. Il a vu un brouillard flotter et s’étaler comme une écharpe autour des vieilles murailles ; il a assisté à l’embrasement du château un soir d’orage, alors que la pluie, le vent, les éléments déchaînés, les éclairs zébrant le violet du ciel, voulaient en interdire l’approche. C’est de ce merveilleux que nous abreuve l’artiste. »

«  Montsegur par le peintre Lagorre », La Dépêche, 11 juillet 1967

Le peintre représentera un autre château cathare célèbre lui aussi, celui de Roquefixade érigé au XIe siècle, aujourd’hui en ruines mais dont les vestiges se dressent encore dans la commune ariégeoise du même nom. Malheureusement cette toile, dont nous vous montrons ici la reproduction, a été volée à la mairie de Seix (Ariège) il y a quelques années.