A presque 90 ans, le peintre , de plus en plus tourné vers l’abstraction, réalise pour son plus grand bonheur l’ exposition « Peintures Z 2003 « à la Galerie Weiller où il a, depuis longtemps déjà, pris ses habitudes.
Il dira de vive voix, mais aussi par écrit, sa satisfaction d’avoir pu mener à terme ce travail de longue haleine malgré les difficultés inhérentes à l’âge, son souci principal dans l’immédiat étant alors d’avoir à affronter et à surmonter la perte progressive de la vue.
Que peut-il bien exister de plus terrible pour celui qui s’est avéré être un coloriste d’exception et un incorrigible amoureux de la vie que cette infirmité qui cherche à lui voler ses yeux ?
L’exposition sera accueillie très favorablement par la critique (cf article Gazette Drouot)
« Saisir au vol la vie, c’est ce que Hokusaï attendait du grand âge. Plus les pas se perpétuent sur le chemin temporel plus le mystère vital se fait présent. C’est que le peintre, le poète, le musicien avancent dans la mémoire et qu’ils cueillent ainsi plus prés de la source le signe et le son dans leur soudain avènement. René, notre ami, nous enseigne : sans didactisme, mais plutôt avec la spontanéité primesautière qu’on attribue à la jeunesse… »
Robert Marteau, Préface du catalogue d’exposition « Peintures Z 2003 »
Quelques mois après cette exposition René Lagorre s’éteindra paisiblement en son domicile parisien, au 44 Avenue Duranton.
Selon son souhait il sera incinéré au crématorium de Tarbes et ses cendres déposées au cimetière de Seix (Ariège).
Depuis, chaque année, la bourgade honore le peintre en organisant un petit festival, « Les Estivales Lagorre » durant lequel peintres et sculpteurs exposent leurs œuvres au sein même du village. C’est de cette manière que l’on continue au village de faire résonner le souvenir du peintre. D’autres signes marquent eux aussi la reconnaissance des personnes envers l’artiste, ainsi l’une des rues du village a-t-elle pris son nom. A l’Isle-en-Dodon, la municipalité vient tout juste d’ inaugurer une allée baptisée « Allée René Gaston-Lagorre »…
Pour moi qui écris aujourd’hui ces quelques pages dédiées à l’artiste qu’il a été, il est surtout réconfortant de savoir qu’à Seix, à Saint-Lizier, à Toulouse, à Bordeaux, à Marseille, à Cannes ou à Antibes, à Lyon, à Rouen, à Paris ou aux Etats-Unis nombre d’œuvres du peintre continuent de voyager et de se transmettre pour finalement vivre au cœur même des villes et des villages !
Puissent ces œuvres continuer de vivre et d’ enchanter longtemps encore les murs de nos maisons !
