Portrait de l’artiste
Vu par ses amis
« Le peintre Gaston Lagorre est jeune, si jeune que l’on s’étonne de le savoir déjà en pleine renommée. Une tête particulièrement sympathique égayée d’une ombre de moustache qui l’affine, un front très large, une chevelure fine et frisée et, au milieu d’un visage régulier et parfaitement équilibré de jeune dieu romain, deux yeux espiègles qui ne parviennent pas à rester sérieux. Voilà notre homme… »
Louis Rivière1, Ariège-Paris, n°19-20.Juillet-août 1954 (Louis Rivière, enseignant puis écrivain fait partie des douze prisonniers saint-gironnais qui ont réussi à s’échapper des différents camps d’incarcération nazis disséminés sur tout le territoire allemand.)
« Quel merveilleux ami, plein d’attention et de conseils ! Ses connaissances étaient immenses et j’étais émerveillé lorsqu’il me transmettait les secrets de cet univers. Qui mieux que lui connaissait les bases de l’organisation de la surface, l’équilibre de la composition, le choix des couleurs, mais aussi, impérativement, les valeurs ? Le dessin, voilà l’essentiel, disait-il… »
Ryton Cazenave2, Préface de René Gaston-Lagorre, de l’académisme à l’abstraction. Edit.Le Pas d’oiseau.Toulouse, 2013
«J’ai connu Lagorre, j’ai voyagé et travaillé avec lui pendant cinquante ans ! C’est un peintre exceptionnel.»
Interview de Ryton Cazenave. La Dépêche.23-09-2018 (Ryton Cazenave, peintre aquarelliste fuxéen, il a étudié à l’École des Beaux-Arts de Toulouse où il a suivi les enseignements de Jean-Paul Marcheschi. Il a ensuite enseigné l’aquarelle au sein de cette école pendant de nombreuses années.)
« Du plus loin qu’il m’en souvienne, à savoir des lustres, en notre commun village de Seix en Couserans, le personnage n’a pas changé : petit bonhomme sec, cep des Corbières, pétillant, et aujourd’hui, à 90 ans, immuable, droit comme un I.
Un visage éclairé par l’intelligence, la malice, la bonté. »
René-Victor PILHES. Paris. Mai 20031 (René-Victor Pilhes, écrivain de renom, mondialement connu. Prix Médicis en1965 avec La Rhubarbe et Prix Femina en 1974 avec l’Imprécateur.)
Vu par les critiques d’art, à diverses périodes de sa vie
« Lagorre confère la lumière à tout ce qu’il touche. Son pays, l’Ariège, il le voit lumineux aussi bien sur les pentes neigeuses du Vallier que dans les rues des villages. Un peu plus loin, l’Andorre nous apparaît étincelante, rendue chaude par les entassements de pâte qui sont la manière de l’artiste. Plus encore dans le soleil seront la Cote d’azur, le Maroc d’où il a rapporté deux scènes typiques tandis que sa palette s’assombrit à peine pour chanter la Normandie. Lagorre dessine avec précision, et, sur ce dessin solide gagne, au jeu de la pâte, profondeur, relief et intensité… »
Galeries d’art,février 1951
« …Son église romane de saint Jean de Caselles, où un contre-jour fait ressortir joliment la lumière. Son Andorra la vieille, chaude, dans les tons rouges ; sa Santa Coloma ; sa scène de battages, très travaillée, où l’or de la paille éclaire un paysage vert, sans ciel, nous paraissent des œuvres maîtresses avec, surtout, son effet de neige, du côté de Seix au pied du Mont Valier… La neige est aussi perfide en peinture qu’en montagne. Mais « l’enfant du pays » en a triomphé.
L’ex grand prix de la ville de Toulouse ne se borne point au paysage et ses portraits sont fort bons… Gaston-lagorre est un peintre sérieux qui n’a pas à rechercher une facture « tapageuse ». Les qualités de son travail sont basées sur des principes simples mais immortels : lumière et couleur, soutenus par un dessin assez serré et sûr. Quant à la manière l’artiste a choisi un modèle puissant, une pleine pâte que nous goûtons fort parce qu’elle éloigne la mièvrerie…
S’il était encore besoin de renforcer cette qualification de « peintre sérieux », nous ajouterions que l’État a acheté à Gaston Lagorre son Jardin de Bonnard... »
G. Pastre. « Gaston Lagorre peintre de l ‘Ariège ». Février 1951
« Sa peinture vaut autant par sa splendide luminosité, par le coloris vibrant des terrains et des verdures, que par la puissance et l’intensité du relief, la solidité de la construction, la beauté du modelé traité en pleine pâte.Qualités bien rarement unies !…La peinture de Lagorre est une véritable fête des yeux... »
R.L. « L’exposition des œuvres de G. Lagorre à Toulouse ». Notes d’art. Février 1951
« …par delà le cubisme, c’est avec la lumière impressionniste que Lagorre entend renouer. Une palette douce et chatoyante, une touche légère, petite et vibrante, qui sait souvent préserver le fond, nous plongent dans un univers de pure lumière… »
« Lagorre ou la leçon cubiste », mars 1951
« Il y a de la lumière, beaucoup de lumière dans les toiles de Lagorre, une lumière qui éclate, qui inonde tous les détails… »
Jacques Thibal. Mai 1951 suite à l’exposition Lagorre à la mairie de Saint-Girons (Ariège)
« Je veux vous parler seulement de l’homme qui a peint ces toiles et ces gouaches, délicates et légères comme cette vaporeuse brume bleutée de Normandie ou d’Ile-de-France, qui s’accroche sur les rives de la Basse Seine, du côté de Rouen et d’Honfleur.
Cet homme qui fait sienne l’expression de Matisse : « Coupez-vous la langue et dites ce que vous avez à dire avec les mains et la couleur. » Cet homme qui se réalise pleinement dans la montagne et la solitude. C’est un gars simple et vrai, passant le plus clair de son temps avec les bergers du pays… »
Louis Deville, « Le Patriote » 6 février 1952 (à propos de l’exposition de la Galerie Chappe (Toulouse)
« G. Lagorre appartient encore à une génération qui ne renie pas l’enseignement reçu à l’Ecole ; et cette connaissance de son art ne l’a pas empêché de devenir un artiste probe et sincère, dont la modestie pourrait servir d’exemple à maints faiseurs contemporains. Il a toute mon estime (et celle de beaucoup d’autres), parce qu’il est un artiste et non une bluffeur, parce qu’il sait voir et exprimer, sans user du charabia à la mode par trop d’ignares ou de spéculateurs, parce qu’il a le sens de la couleur, de la lumière et des formes sans lesquels on n’est pas peintre. »
R. M., La Vie toulousaine, Les expositions. « Gaston-Lagorre »10 février 1952
« …Pour lui, sa meilleure œuvre sera toujours la suivante. C’est un éternel insatisfait, qui travaille et retouche sans cesse…Si son élocution verbale est parfois hésitante– et peut-être à cause de cela – quel épanouissement dans l’expression de sa pensée picturale ! »
« Quand les méridionaux exposent à Paris », 23 novembre 1959
« …Il me rappelle Turner qui peignait minutieusement ses villes, tout en créant, en cachette, l’impressionnisme. Oui, c’est ainsi que René Lagorre s’adonne, tout en poursuivant sa geste figurative, à la petite série de ses gouaches abstraites. Je suis enthousiasmé par la rigueur conjuguée à cette lumière qui fait qu’il y a ou non peinture... »
Robert Marteau1, mai 1996
« Discret, René Lagorre peint dans la ferveur. Ses peintures récentes reprennent la figure du Z, apparue en 1987, pour une série de variations où l’apparente organisation géométrique n’est que l’enveloppe d’un monde magique orchestré par la couleur…»
René Lagorre, Peinture Z 2000. La gazette de Drouot, 25 mai 2001
Robert Marteau aujourd’hui décédé est un écrivain français tout à la fois poète, romancier, traducteur, essayiste et critique d’art. En 2005, il reçoit le Grand prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre poétique Il fut un ami proche de René Gaston-Lagorre dont il préface les catalogues d’exposition.
Notons que la force et la précision du dessin, l’intensité de la lumière sont les qualités les plus souvent louées par les critiques d’art.
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