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Le carnaval de Venise

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« Venise pour le bal s’habille.

De paillettes tout étoilé,

Scintille, fourmille et babille

Le carnaval bariolé.

Arlequin, nègre par son masque,

Serpent par ses mille couleurs,

Rosse d’une note fantasque

Cassandre son souffre-douleurs.

Battant de l’aile avec sa manche

Comme un pingouin sur un écueil,

Le blanc Pierrot, forme blanche,

Passe la tête et cligne l’œil… »

 

Théophile Gautier, Émaux et Camées, « Carnaval (extrait)

Le carnaval de Venise jouit d’une aura particulière… Dès la fin du Xe siècle, cette fête qui est aussi un grand spectacle de couleurs, de musique et de lumière, va contribuer à façonner la cohésion civique et politique des différents quartiers de la ville. Comme tous les carnavals, celui de Venise tend à abolir les contraintes sociales habituelles. Le port du costume et du masque permettent d’agir en toute liberté sans être reconnu, la séparation entre riches et pauvres y est abolie car le carnaval instaure un temps de liberté absolue et permet d’oublier toute règle sociale ou morale.

Dans l’histoire de la peinture, c’est surtout à partir des XVIIe et XVIIIe siècles que ce carnaval se laisse admirer sur les tableaux de Canaletto, sur ceux de Francesco Guardi ou encore sur ceux de Tiepolo. Le déclin du carnaval s’amorce pourtant au XIXe siècle. Ce n’est que dans les années 80 que cette immense fête ressuscitera, suscitant de nouveau l’enthousiasme.

La beauté du cadre n’y est pas pour rien ! Venise est une ville mythique construite sur l’eau où l’on voyage sur des canaux bordés de somptueux palais gothiques et Renaissance avec, en son centre, la place Saint-Marc recouverte de mosaïques byzantines. Autant dire que la fête qui s’y donne jouit d’un cadre somptueux et que le miroitement des eaux la magnifie un peu plus encore.

Sur l’une des toiles, les feux d’artifice jaillissent et illuminent un bal masqué savamment ordonné où le chien lui-même participe à la fête dansant et portant son propre déguisement, chapeau et jabot de dentelle…

Mais en s’appropriant le thème pictural du carnaval de Venise, Lagorre nous convie au dialogue perpétuel qui s’instaure entre l’être et le paraître, entre le naturel et l’artifice. Dans les tableaux et les gouaches du peintre ( « Arlequin dans le Z ») où il reprend ce thème, les couleurs vives s’inscrivent dans des formes géométriques mettant en valeur le visage d’Arlequin dont le regard direct, sous le masque qu’il arbore, semble nous interroger comme s’il souhaitait lui aussi, à son tour, nous démasquer.