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Les paysages méditerranéens

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«  Quand il aborde la Côte d’Azur, Lagorre, libéré, entonne un hymne de lumière et de chaleur, par exemple dans cette végétation exotique au-milieu des terres rouges d’Agay. La Méditerranée, ses bords heureux, il a su les rendre de ces tons invraisemblables et vrais, où se mêlent dans une même baie, par exemple, nappes d’azur, d’améthyste et d’émeraude… » A.C., La Dépêche, 1er février 1952

Comme Matisse avant lui, René Gaston-Lagorre va prendre le temps d’un long apprentissage pour capturer la lumière et peindre les couleurs des paysages méditerranéens.

Le peintre emprunte également au maître le motif du balcon ou de la fenêtre ouverte sur l’extérieur, qui devient métaphore du tableau ( voir les tableaux de Matisse intitulés « La leçon de piano », « La leçon de musique » ou encore « Le peintre dans son atelier »). Ainsi l’univers du peintre et son monde intérieur s’ouvrent-ils sur le monde extérieur et sur la vie des autres, comme celle du port où les marins ravaudent leurs filets à Sète ou à Peñiscola avant que les pêcheurs ne partent en mer, ou encore celle de la ville où se tient un marché animé. Parfois cette fenêtre n’est plus simplement qu’un intermédiaire, une ouverture sur la magie d’un paysage, celui d’une mer aux mille reflets qu’avaient déjà tenté de saisir bon nombre d’ impressionnistes.

Comment, en observant des œuvres telles que l’île de Lérins ou cette huile de paysage méditerranéen dominé par un pin parasol, ne pas penser très immédiatement au tableau de Matisse intitulé « Le goûter » (Golfe de Saint Tropez) peint en 1904 ? Les tableaux du petit maître entrent en résonance avec celles des grands maîtres que sont Matisse, Cézanne ou Marquet. C’est Matisse qui encouragera en 1948 le jeune peintre Lagorre quand celui ci lui rend visite dans sa villa « Le Rêve » à Vence où le maître s’est installé en 1943. En affirmant, au vu de quelques œuvres qui lui sont présentées en toute modestie, « Vous êtes peintre », René Gaston-Lagorre sait désormais que sa vie sera entièrement dédiée à cet art.

Un hommage à Bonnard : “Le Jardin de Bonnard au Cannet“.

A cette époque, comme le rapporte un article de journal faisant référence à l’exposition qui se tint à la Galerie Chappe de Toulouse en mars 1950, Lagorre peindra une toile Le Jardin de Bonnard au Cannet.

Cette œuvre achetée directement auprès de l’artiste par l’État en 1949, après avoir été exposée à La Galerie Chappe de Toulouse puis à l’ambassade de France à Londres sera mise en dépôt par le Ministère de la Culture à la Direction inter régionale des Douanes d’Ile de France où elle se trouve toujours. C’est une œuvre émouvante à plus d’un titre. Elle nous permet de découvrir, au sein de la luxuriance d’un jardin méditerranéen la petite maison-atelier de l’immense peintre que fut Bonnard décédé en 1947. Une maisonnette aux murs roses qui contrastent fortement avec le vert soutenu de la végétation alentour, une maison peinte en contre-plongée, ce qui nous permet d’ entrevoir au loin le bleu intense de la mer Méditerranée qu’elle surplombe. René Gaston-Lagorre peindra ce lieu hautement symbolique plusieurs fois (nous en connaissons au moins trois versions) mais à chaque fois avec une lumière et des couleurs différentes. En témoigne la toile acquise par La Galerie-musée de Seix en 2023 donnée à admirer aux visiteurs de passage dans l’une des salles consacrées au peintre. Il n’est d’ailleurs pas indifférent de connaître l’origine de cette toile qui était anciennement la propriété de la famille Schloss. Le grand amateur d’art reconnu dans le monde entier, Adolphe Schloss avait légué à son épouse Lucie une magnifique collection constituée notamment de plus de trois cents tableaux d’art hollandais. Après le décès de Lucie Schloss, la collection fut léguée en indivis à ses enfants qui la mirent en sûreté au château de Chambon près de Tulle espérant la mettre à l’abri des recherches entreprises par les allemands. Ce tableau de Lagorre faisait partie de la collection Schloss, c’est donc une grande chance de pouvoir désormais l’admirer dans la Galerie-musée de Jon et Susan ATKINS à Seix (Ariège).

En 1951, le musée des Augustins de Toulouse acquiert une gouache sur papier (24,1x 31,2cm) intitulée Le Cap Falcon à Oran (Algérie) qui est toujours en sa possession ainsi qu’un autre tableau acquis en décembre 1957, Femmes au balcon, une huile sur bois qu’il se fera malheureusement dérober (une plainte est depuis toujours en cours…)1

1 En voici la description donnée par le musée des Augustins (Toulouse) : « Deux jeunes femmes se penchent côte à côte à un balcon à barreaux noirs , mais en grande partie cachés par un tapis rouge à bandes jaunes. La femme de gauche est habillée de rouge et tient un éventail à la main droite. La femme de droite est habillée de vert et se fait ombre d’une ombrelle rose crevette. Fenêtre ouverte en arrière et tentures verte et rose en haut du tableau. Signé : G. LAGORRE »

Un hommage à Picasso avec la peinture de deux toiles intitulées “La Californie”, nom de la villa de Picasso à Saint Paul de Vence. La végétation luxuriante vert émeraude se mêle ici aux couleurs vives, majoritairement jaune orangée, de cascades de fleurs éclaboussées de soleil.  C’est sous cette arche de lumière que marche le visiteur qui emprunte le chemin tortueux qui mène à la villa du maître. …