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Les toiles de l’Isle-en-Dodon (Haute-Garonne)

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Les quatre saisons et l’allégorie de la ville

A la fin de l’année 1943, Joseph Dauban, riche industriel de la région, propose au peintre de décorer la salle de la mairie de l’Isle en Dodon en Haute-Garonne, petite ville située à seulement quelques kilomètres de Saint-Laurent-sur -Save. Le peintre devra y représenter les quatre saisons sur la longueur d’un mur.

L’artiste, encore empreint de l’influence de ses maîtres, notamment de Maurice Denis, l’un des pivots du groupe des Nabis1 , va peu à peu s’en dégager et délaisser en partie les décors de la peinture pour offrir une vision du monde tout à la fois symbolique et bien plus réaliste .

 

1Le terme « Nabi » apparaît en 1889 dans la correspondance du peintre Paul Sérusier. Le mot lui a été soufflé par son ami Auguste Cazalis, spécialiste des langues orientales. Ce terme signifie prophète en hébreu, il va bientôt désigner une petite communauté d’artistes, comprenant à l’origine Pierre Bonnard, H-G Ibels, Paul Ranson, Maurice Denis et tous les élèves de l’académie Julian. Le groupe s’agrandira au fil du temps. Ces artistes ont un goût prononcé pour le mystère, la magie. Ils se reconnaissent peu de maîtres mais Gauguin en fait partie. L’art de l’Extrême Orient, surtout les estampes, constitue pour eux une source d’inspiration stylistique et thématique. Signac accusera Bonnard de « japoniser » à outrance.

« à gauche : le printemps avec le traditionnel feu de la saint-Jean, un mariage formant cortège derrière les jeunes époux précédés d’un musicien jouant du violon ; au fond on aperçoit le clocher de l’église saint Adrien, comme pour symboliser le mariage chrétien… »

« L’autre toile représente l’été avec la fenaison, la moisson, le dépiquage mais aussi les premiers bambins et quelques vacanciers… » H-L.Petit, op. Cit.

« à droite, les deux autres saisons : l’automne qui est évoqué à travers la cueillette de fruits ; la fête de saint Adrien et de la ville, le 2e dimanche de septembre, se traduit par les lanternes vénitiennes, les musiciens et le bal ; puis les champignons et les vendanges achèvent l’évocation de la saison.

Enfin l’hiver est caractérisé ici par le vent et la neige, les ruches et la forge- où l’on se rassemble pour se réchauffer- la coupe du bois une personne d’âge porte son fagot- le cochon bien gras attendant son heure ! Y figure aussi la grande cheminée rurale où se cuit le millas, avec d’un côté la veillée et de l’autre un brave vieux qui a la tête du mécène, Joseph Dauban… » H-L.Petit, op. cit.

Le cycle des saisons trouvera un écho dans de nombreuses toiles de René Gaston-Lagorre. En Ariège, deux grandes toiles similaires à celles de l’Isle-en-Dodon ornent les murs de la salle des mariages de la mairie de Seix . Une troisième toile figure, dans un style bien plus moderne que les styles précédents, le printemps à Sentenac d’Ustou.

Le peintre poursuit son œuvre. Il exécute une autre toile pour l’ornementation de la Salle de la mairie de l’Isle-en- Dodon, salle dénommée depuis salle René Gaston-Lagorre. Cette cinquième toile est une allégorie de la ville, elle prendra place au centre des quatre autres, entre l’Eté et l’Automne.

 

 

« Au centre du panneau, la ville est représentée par l’évocation d’un plan ancien, de 1824 ainsi que par le blason de cette ancienne seigneurie commingeoise puis par la figuration de productions économiques : cultures, vignobles et élevage notamment d’oies et de dindes » H-L.Petit, op. cit.

 

Le maquis de Meilhan

En 1944, Mr Escalas et Mr Campguilhem souhaitent utiliser un autre panneau de la salle de la mairie de l’Isle-en-Dodon pour y représenter un tragique épisode de la guerre , celui du maquis de Meilhan où vingt quatre jeunes ont été exécutés par les soldats allemands. Le maquis de Meilhan était commandé par le Docteur Raynaud. Encerclés par les soldats de la Wehrmacht, ces jeunes patriotes tombent le 7 juillet 1944 sous les balles allemandes.

C’est ainsi que le peintre réalisera en 1945 cette œuvre qui rappelle avec force le sacrifice de vingt quatre jeunes maquisards qui s’opposèrent aux soldats ennemis et y laissèrent leur vie.

 

Pour une explication détaillée du tableau se référer au livre de B. Gaston-Lagorre, René Gaston-Lagorre, de l’académisme à l’abstraction, pp.28-30.

 

Un tableau allégorique, La République

Une dernière grande toile orne les murs de la mairie commingeoise de l’Isle-en-Dodon, il s’agit cette fois de l’allégorie de la République, réalisée en 1947. Ce tableau fête la fin de la guerre et la liberté recouvrée, il rend un hommage appuyé à la IIIe République.